Evaluation du cout du tabagisme dans la société nationale de distribution de pétrole (640 cas)
Résumé
Le tabagisme, principale cause évitable de mortalité et deuxième facteur de décès dans le monde touche selon les estimations de l’organisation mondiale de la santé (OMS) environ 1,1 milliard de personnes dont 800 millions vivent dans les pays en voie de développement (1-2).
En Tunisie, également, le tabagisme constitue un problème majeur de santé publique et la prévalence tabagique est particulièrement élevée chez les hommes (3-4).
Le milieu du travail n’a pas été épargné par ce fléau : D’après l’organisation internationale de travail (OIT), chaque année, dans le monde, environ 200 000 décès sont imputables à une exposition à la fumée secondaire sur le lieu du travail (3) et le tabagisme constitue la principale source cancérogène mutagène reprotoxique(5).
Mais quels sont les coûts qui résultent du tabagisme pour l’employeur ? Nombreuses sont les études qui ont quantifié les divers coûts de l’usage du tabac. Certaines d’entre elles traitent des coûts sociaux, d’autres, des coûts pour le secteur des soins de santé. Enfin, une partie de ces études quantifient les coûts de point de vue de l’employeur.
Ce coût s’explique par une augmentation de l’absentéisme, les dommages matériels, les coûts des soins de santé et des primes d’assurance contre les incendies. [D’autres études révèlent que les non- fumeurs ont de la difficulté à se concentrer dans un milieu de travail enfumé]. Aux Etats-Unis, chaque employé qui fume coûte en moyenne à son employeur de 2000 à 6000 $ par année.
Une étude canadienne de 1995 a estimé le coût causé aux employeurs à 3022 $ par fumeur par an (7).
Une étude de 1996 portant sur les lieux de travail écossais a estimé le total des coûts liés au tabac sur les lieux de travail en Ecosse à environ trois quarts de milliards de dollars américains par an.
D’après l’INRS, le tabac coûte cher aux entreprises ; différentes études évaluent de 23 à 50% la part de
Dr Rafika HAJJI
responsabilité du tabagisme (actif et passif) dans l’absentéisme pour problèmes de santé (8).
Des études ont montré qu’un environnement sans fumée contribue à l’augmentation de la productivité, à l’amélioration du moral et à la diminution des coûts d’entretien.
Les données des coûts manquent dans les pays en voie de développement, et les employeurs ne sont pas toujours conscients des coûts liés à l’usage du tabac en milieu de travail.
D’après une étude menée par la conférence Board du Canada, les inquiétudes liées à la santé des employeurs et aux incidences de la fumée secondaire sont les facteurs les plus importants qui influent sur la décision de mettre sur pied des programmes de sevrage tabagique.
C’est dans ce cadre que nous avons mené une étude afin d’estimer le coût additionnel associé à l’emploi d’un fumeur comme travailleur, comparativement à celui d’un non-fumeur ayant les mêmes caractéristiques, au sein d’une société nationale de distribution des pétroles.
Les employeurs seront mieux en mesure d’évaluer les avantages qu’ils pourraient retirer de la mise en place de programmes ou de politiques de sevrage tabagique en milieu de travail.
