Revue Tunisienne de Pathologie Professionnelle et de l'Environement

Influence du travail en milieu agricole sur le déroulement de la grossesse

F. Dhouib — 2019-10-01

Introduction : A coté de divers risques environnementaux, les femmes actives peuvent être exposées au cours de la grossesse à différentes nuisances liées à leur travail, pouvant influencer le déroulement de la grossesse et de l’accouchement. En effet, le travail en milieu agricole et notamment l’exposition aux pesticides est actuellement au centre de problématiques de santé de la femme enceinte et incriminé dans plusieurs complications de la grossesse.
Objectifs: Identifier les complications de la grossesse et de l’accouchement chez des femmes travaillant en milieu agricole et de rechercher d’éventuelles relations entre ces complications et l’activité professionnelle.
Méthodes : Il s’agissait d’une étude transversale ayant intéressé toutes les femmes ouvrières exerçant ou non en agricole et ayant accouché au service de Maternité du Centre Hospitalo-universitaire de Sfax pendant la période allant du 1er au 30 Novembre 2015.
Résultats : Notre population comportait 139 femmes dont 47 agricultrices et 92 ouvrières dans d’autres secteurs. Les ouvrières exerçaient surtout au secteur de fabrication (73,9%). L’âge moyen des agricultrices était de 32,6 ans alors que celui des autres ouvrières était de 31,3 ans. L’étude analytique avait montré une association positive entre le travail comme agricultrice et la survenue d’une anémie pendant la grossesse (OR [IC95%]=3,38 [1,57-7,25]). Par contre, il n’y avait pas une association significative entre ce travail et la survenue d’une hypertension gravidique ou d’un diabète gestationnel (p>0,05). Environ 15% des agricultrices avaient présenté un liquide amniotique teinté ou méconial évoquant une souffrance foetale. En revanche, seulement 2,2% des ouvrières d’autres secteurs avaient présenté cet état. Cette différence était statistiquement significative (p=0,007). La prématurité et l’hypotrophie néonatale n’étaient pas corrélées au travail en milieu agricole.
Conclusion : Les femmes enceintes travaillant en milieu agricole représentaient une population vulnérable. Elles n’étaient pas épargnées des complications au terme de leurs grossesses. Un tel constat appelle à la vigilance de leurs médecins traitants qui doivent avoir des connaissances sur les différents risques imputables à ce secteur pour pouvoir agir à temps et prévenir de probables complications de la grossesse et/ou de l’accouchement chez cette population féminine assez jeune.

Etude descriptive des troubles musculo-squelettiques dans une entreprise de câblage électronique

Najla Mechergui — 2019-01-06

Introduction : Les troubles musculo-squelettiques (TMS) sont l’un des principaux troubles liés au travail et représentent les maladies professionnelles reconnues les plus fréquentes. Les TMS sont des maladies qui trouvent leur source dans une combinaison de facteurs d’origine organisationnelle, biomécanique, ou psychosociale.
Les buts de notre travail étaient d’évaluer la prévalence des troubles musculo-squelettiques dans une entreprise de câblage électronique et d’étudier le rôle des facteurs professionnels et extraprofessionnels dans l’apparition de ces pathologies.

Méthodes : Il s’agissait d’une étude descriptive, transversale, et comparative, ayant concerné les salariés d’une entreprise de câblage électronique pour l’industrie automobile. L’étude s’est déroulée sur une durée de 4 ans (de 2010 à 2014).

Résultats : Notre population a comporté 729 salariés dont 168 hommes (23%) et 561 femmes (77%). Le groupe TMS (+) a compté 132 cas : 13 hommes et 122 femmes. L’âge moyen était de 36 ± 8.2 ans. L’ancienneté moyenne au poste de travail était de 10 ± 5,5 ans. Le groupe TMS (-) 597 cas : 155 hommes et 439 femmes. La moyenne d’âge était de 29 ± 6,6 ans, et l’ancienneté moyenne au poste de travail était de 5,5 ans ±4.7 ans. Le nombre de sujet présentant un TMS du membre supérieur était de 61 soit 46,3%. Les TMS étaient liés aux facteurs individuels comme l’âge et le sexe féminin (p<10ˉ3). Les salariés mariés et ayant des enfants à charge avaient plus de TMS (p<10ˉ3). L’indice de masse corporelle était plus élevé dans le groupe ayant des TMS (p<10ˉ3). Les TMS étaient associés au diabète (p<10ˉ3).

Les facteurs professionnels liés aux TMS étaient : l’ancienneté professionnelle supérieure à 10 ans, le type de contrat à durée indéterminée, la polyvalence, le travail à horaire fixe, le poste de travail ressenti comme contraignant et le travail à la chaine (p<10ˉ3).

Conclusion : La prévention des TMS doit se baser sur une démarche pluridisciplinaire, axée sur les contraintes professionnelles et organisationnelles et par la prévention des risques psychosociaux.

Les accidents de travail mortels : A propos de 221 cas recensés au service de médecine légale de Monastir

W. Bedoui — 2019-01-10

Objectifs : Etudier les caractéristiques socioprofessionnelles des victimes des accidents de travail mortels (ATM) et analyser les mécanismes et les causes de décès.
Méthodes : Etude épidémiologique rétrospective et exhaustive des ATM colligés au service de médecine légale de l’hôpital universitaire de Monastir sur une période allant du mois d’août 1990 au mois de décembre 2015.

Résultats : Nous avons recensé 221 cas. La victime était souvent un jeune, de genre masculin. La tranche d’âge entre 21-40 ans a constitué 54,7% de la population d’étude. Les ouvriers étaient la catégorie professionnelle la plus touchée (96,4%) dont 85,5% étaient non qualifiés. Le secteur du bâtiment et travaux publics était le plus touché (41,2%). L’étude de la répartition des accidents dans le temps a montré que les ATM étaient observés surtout pendant la saison estivale. Les journées de la semaine où nous avons enregistré le plus d’ATM étaient le Vendredi (21,7%) et le Mardi (16,3%). Une fréquence plus élevée des ATM entre 10 et 14h (37,1%) était notée. Les traumatismes constituaient presque la moitié des mécanismes des accidents (49,3%) suivis par les traumatismes électriques (24%) et les morts subites (17,2%). Ces traumatismes étaient causés par des chutes de hauteur (54,3%) et des chutes d’objets (22,9%). Le décès était immédiat dans 72,4% des cas.

Conclusion : Les ATM représentent un fléau en santé au travail. Ce drame humain est pourtant évitable lors du respect des normes et des règles d’hygiène et de sécurité au travail. Le succès de toute stratégie préventive est étroitement lié à la collaboration entre plusieurs acteurs (l’employé, l’employeur, le médecin de travail, l’inspecteur de travail, l’ergonome...).

Les déterminants de la qualité de vie chez des travailleurs asthmatiques

A. Fki — 2019-01-10

Introduction : L’asthme est une pathologie fréquente en milieu de travail. Le bien être de l’asthmatique et le meilleur contrôle de sa maladie sont devenus un but à atteindre lors de la prise en charge afin de garantir une vie sociale et professionnelle satisfaisante. De ce fait, il devient nécessaire de connaître les facteurs déterminants de la qualité de vie chez ces patients. Les objectifs de notre travail étaient d’évaluer la qualité de vie chez des travailleurs asthmatiques et d’identifier les facteurs déterminants.

Méthodes : Etude descriptive transversale menée auprès des asthmatiques actifs consultant au service de pneumologie de Sfax durant la période allant du 1er Novembre au 31 Décembre 2017. Les données sociodémographiques, professionnelles et cliniques ont été relevées. L’asthme a été classé en quatre paliers de sévérité selon les recommandations du GINA 2015. Le contrôle de l’asthme durant les 4 dernières semaines a été évalué selon le score Asthma Control Test. La qualité de vie de ces asthmatiques était évaluée par l’échelle SF12 dans ses deux dimensions physique et mentale.

Résultats : Durant la période d’étude, nous avons colligé 64 patients d’âge moyen de 44,4 ± 9,5 ans. Le sex-ratio était de 0,72. Trente et un patients avaient un asthme persistant modéré. L’asthme était non contrôlé dans 59,4% des cas. Le score global moyen de la qualité de vie était de 55,3 ± 18,9 avec 34,4% des asthmatiques qui avaient un score de qualité de vie global bas. Le score global de qualité de vie était corrélé à la présence d’un site polluant à proximité du domicile (p=0,007), à la sévérité de l’asthme (p=0,000) et à un mauvais contrôle de la maladie (p=0,000). Le score de santé physique était corrélé à la sévérité de l’asthme (p=0,01) et à l’asthme non contrôlé (p=0,000). Les salariés rapportant une aggravation de leur symptomatologie au travail avaient un score de santé physique bas. Le maintien au même poste de travail était également associé à une mauvaise santé physique (p=0,042). Le score de la santé mentale était significativement associé à la sévérité de l’asthme (p=0,001), à l’asthme non contrôlé (p=0,000) et à l’aggravation de l’asthme au travail (p=0,042).

Conclusion : Une meilleure connaissance des facteurs prédictifs de mauvaise qualité de vie des travailleurs asthmatiques, surtout des facteurs modifiables, permettrait une action ciblée pour améliorer la qualité de vie de ces salariés.

Contributions et contraintes des médecins du travail dans la stratégie de lutte anti-tabac

A.Kchaou — 2019-01-10

Introduction : Le tabagisme représente un problème de santé publique du fait de sa prévalence élevée et de ses conséquences graves à tous les niveaux. C’est dans cette perspective que nous avons effectué une enquête nationale exploratrice des attitudes des médecins du travail vis-à-vis du tabagisme et leur rôle dans la prévention de ce fléau.
Méthodes : Nous avons mené une étude transversale à l’aide d’un auto-questionnaire auprès des médecins du travail exerçant dans les différents types de services de santé au travail en Tunisie.

Résultats : Notre étude avait concerné118 médecins du travail. Le sexe ratio était de 0,35. L’âge moyen était de 36,8 ans ± 7,7 ans. Prés d’un tiers des médecins du travail (38,1%) avait suivi une formation en tabacologie. Les médecins se montraient relativement unanimes (85,6%) pour considérer que le tabagisme est souvent préjudiciable au climat social de l’entreprise. L’analyse des mesures préventives envisagées par les médecins du travail dans le cadre de lutte antitabac montrait la prédominance des actions de sensibilisation des salariés et de la mise en place d’un plan de prévention dans respectivement 50,8% et 51,7% des cas. Concernant les obstacles à leur implication dans des démarches de prévention antitabac, les médecins du travail évoquaient en priorité la résistance des salariés (52,5%) et le manque de temps (48, 3%). Le manque de formation et la résistance du chef de l’entreprise étaient évoqués par 33,1% et 31,4% des médecins respectivement.

Conclusion : Le tabagisme est un fléau pour la société toute entière. Les médecins du travail ont un rôle primordial dans la lutte anti tabac en milieu professionnel et ils devraient promouvoir activement des programmes de prévention du tabagisme malgré les obstacles rencontrés.

Les effets de l’horaire de travail sur le sommeil, la vigilance et la santé mentale chez le personnel de soins

A.Kchaou — 2019-01-10

Introduction : Le travail posté et le travail de nuit sont des facteurs de risque reconnus pour la santé et le bien-être, parce qu’ils interfèrent avec quatre sphères de la vie humaine: Les fonctions biologiques de base, la performance et capacité de travail, les relations sociales et la santé. L’objectif de notre étude était de détecter les effets du travail posté sur le sommeil, la vigilance et la santé mentale des personnels de deux centres hospitaliers (Hédi Chaker et Habib Bourguiba) de Sfax.

Méthodes: Il s’agissait d’une étude transversale à visée descriptive menée auprès de 159 personnels (médecins, infirmiers, techniciens supérieurs, ouvriers) exerçants aux deux centres hospitaliers de Sfax. Le recueil des données s’est basé sur des questionnaires standardisés (questionnaire de sommeil de Spiegel, échelle de somnolence d’Epworth, General Health Questionnaire à 12 items : GHQ-12) et complété par les renseignements relatifs aux personnels.

Résultats: L’âge moyen dans notre population était de 34,6 ± 10,21 ans. Une prédominance féminine était notée, avec un sexe ratio de 0,80.Prés de la moitié de notre population (40,90%) était des médecins. Les infirmiers et les techniciens supérieurs représentaient respectivement 36,5% et 22,6%.La majorité des personnels avait un travail en horaires alternants (50,3%) avec une moyenne de 2 ± 1 gardes par semaine. Le travail fixe le jour ou la nuit représentait respectivement 16,4 % et 33,3%. Le score global de l’indice de qualité du sommeil était satisfaisant chez la majorité des personnels (69,2%).Cependant, près d’un tiers (30,8%) des personnels avait un trouble du sommeil dont 15,7% avaient un score d’alerte sévère. Un quart (29,5%) des personnels avait un risque de somnolence selon l’échelle de somnolence d’Epworth avec un risque de somnolence excessive chez 7,5% des personnels. Neuf personnels sur dix dans notre population (81,1%) avaient un facteur de détresse psychologique et de dysfonctionnement social. L’analyse statistique des Résultats prouvait que l’altération de la qualité du sommeil en cas de travail posté était plus fréquente chez la femme (p = 0,002) avec OR de 4 et IC à 95% [1,24 à 2,8]. Aussi, le travail en horaires alternants en cas d’une mauvaise qualité du sommeil était associé à une mauvaise santé mentale (p =0,003) avec OR de 1,56 et IC à 95% [1,3 à 1,8] d’une part et d’un risque accru d’accident du travail d’autre part (p =0,01) avec OR de 2,84 et IC à 95% [1,28 à 6,23].

Conclusion: Cette étude illustre l’impact du travail posté sur le sommeil et la vigilance, l’équilibre psychologique et émotionnel (détresse psychologique / dysfonctionnement social) et les capacités de travail (chute de la vigilance / risque d’accident du travail) des personnels en milieu de soins. L’équilibre des soignants est important pour la qualité des soins. Des mesures de prévention des risques du travail posté et de nuit sont nécessaires pour favoriser la santé et la sécurité au travail à travers une surveillance médicale spéciale et une sensibilisation des personnels.

Evaluation de l’immunisation contre l’hépatite B chez le personnel en milieu de soins

N. Kotti — 2019-01-10

Le personnel de soins représente l’un des groupes professionnels les plus exposés à l’infection par le virus de l’hépatite B. de ce fait la vaccination anti-hépatitique est recommandé chez ce groupe professionnel. Cependant plusieurs études ont montré que le taux d’Ac anti-HBs chez les sujets vacciné décroit rapidement et que près de 30% des sujets vaccinés ont un taux d’Ac anti-HBs inférieur à 10 mUI/ml après 15 ans de primovaccination. C’est dans ce cadre que nous avons réalisé une étude descriptive et rétrospective qui porte sur l’ensemble du personnel exerçant au centre hospitalo-universitaire Hédi Chaker de Sfax. Cette étude avait pour Objectifs d’évaluer le profil sérologique de l’hépatite B chez le personnel de soins, de préciser la place du profil sérologique dans la modulation du protocole vaccinal et de discuter l’intérêt du maintien du suivi sérologique. Durant la période de notre étude qui s’étale sur 23 ans et sur un ensemble de 1345 personnels de soins, 792 individus ont réalisé un bilan prévaccinal, soit un taux de participation de 58,9%. Ils se répartissent en 3 groupes : 27 porteurs de l’Ag HBs, 139 agents immunisés et 626 candidats à la vaccination dont 602 ont bénéficié d’une vaccination anti-hépatitique B. le taux d’immunisation post-vaccinale était de 88,2% dont 38,3% des cas avaient un titre d’Ac anti-HBs supérieur à 100 mUI/ml. Un meilleur taux d’immunisation était retrouvé chez les femmes et chez les sujets vaccinés avant l’âge de 25 ans avec une différence statistiquement significative. Nous avons constaté que plus le nombre de rappel était élevé plus le taux d’immunité augmente. En effet, après le 9ème rappel le taux d’Ac anti-HBs était à 100 mUI/ml dans 100% des cas.

Vécu professionnel des patients atteints de sclérose en plaques

D.Brahim — 2019-01-10

Introduction : La sclérose en plaques (SEP) est une pathologie inflammatoire et démyélinisante affectant le système nerveux central. Il s’agit d’une maladie chronique évolutive touchant les jeunes adultes en activité professionnelle.
Les objectifs de notre travail étaient de déterminer les caractéristiques socioprofessionnelles et médicales des malades et d’étudier le retentissement de la SEP sur leur devenir professionnel.

Méthodes : Etude descriptive rétrospective ayant concerné les salariés atteints de SEP adressés à la consultation de pathologies professionnelles et d’aptitude au travail durant la période allant du 1er janvier 2013 au 31 décembre 2017.
Résultats : Nous avons recensé 34 cas. La moyenne d’âge était de 37± 8,5 ans avec prédominance féminine (H/F=0,5). Un syndrome anxio-dépressif était retrouvé chez 24% de la population. Trente cas (88%) avaient une forme récurrente rémittente. La durée moyenne d’évolution de la maladie était de 5,5 ±5,2 ans. Un traitement de fond était prescrit chez 29 patients.

Les malades étaient mariés dans 76% des cas (26). L’ancienneté professionnelle moyenne était de 10 ± 8,5 ans. Le secteur de la santé était le plus représenté (23%) suivi de celui de l’industrie textile (15%). Les principaux postes occupés par notre population étaient des ouvriers dans sept cas, des téléconseillers et des enseignants dans quatre cas pour chacun et des médecins dans trois cas. La décision d’aptitude professionnelle était une éviction du travail de nuit dans six cas, une éviction des efforts physiques dans dix cas, un aménagement horaire dans 13 cas, une éviction de la conduite professionnelle dans trois cas. Deux cas de retraites anticipées pour invalidité étaient proposés et deux malades étaient aptes à leurs postes de travail. Le devenir professionnel des consultants a montré que deux patients ont bénéficié d’un congé de longue durée à cause d’une aggravation de leurs maladies et une patiente a décidé d’arrêter son activité professionnelle malgré l’aménagement de son poste de travail.

Conclusion : Le maintien en emploi des malades atteints de SEP est un enjeu majeur qui nécessite une évaluation et une coopération précoce et multidisciplinaire.

Intéraction des modes de vie et de la capacité de travail chez les infirmiers

M. Bouhlel — 2019-01-10

Introduction : La capacité de travail est définie par la capacité d’un travailleur à effectuer ses tâches professionnelles, compte tenu de ses ressources humaines et des exigences de son poste de travail. Le changement des modes de vie est responsable d’une émergence de maladies chroniques non transmissibles avec un impact sur la santé des travailleurs et donc sur leur capacité de travail.

Objectifs : Evaluer la capacité de travail chez les infirmiers et étudier sa relation avec des facteurs liés aux modes de vie. Méthodes : Etude transversale menée à l’hôpital universitaire Fattouma Bourguiba de Monastir. Un échantillonnage aléatoire stratifié a été effectué selon le département d’affectation et le genre. La capacité de travail était évaluée à l’aide du questionnaire de capacité de travail (WAI). Les modes de vie des participants ont été explorés à travers le tabagisme, la pratique d’exercice physique, la pratique d’activités domestiques et l’indice de masse corporelle. Une relation entre l’indice de capacité de travail et les modes de vie a été testée en uni varié (test t de student, Anova à un facteur, régression linéaire simple) puis en multivarié à travers une régression linéaire multiple pas à pas descendante.
Résultats : Au total, 199 infirmiers ont participé à l’étude. Le score moyen de capacité de travail était de 41,4 (±5,6). Le modèle final de régression linéaire multiple a trouvé que le score de capacité de travail augmentait avec le nombre d’heures d’exercice physique par semaine (Bêta=0.184, p=0,009) et diminuait avec le nombre d’heures d’activité domestiques par semaine (Bêta=- 0.144, p=0,039) et avec les âges les plus avancés (Bêta =-0.23, p=0,001).
Conclusion : Le lien entre la capacité de travail et les modes de vie démontré dans la présente étude justifie l’intérêt de programmes de prévention visant à améliorer la capacité de travail chez les infirmiers à travers la promotion des modes de vie sains.

Les multi-expositions et leur rôle dans la survenue des cancers

G. Ellouze — 2019-01-10

Introduction : Le caractère cancérogène des agents physiques, biologiques et surtout chimiques est suspecté aujourd’hui, mais la mise en évidence de leurs éventuels effets sur la santé reste désormais non avérée. Compte tenu que la multi-exposition peut se définir dans le sens transversal (dans le poste de travail actuel) ou dans le sens longitudinal (incluant tout le parcours professionnel du patient), une identification de ces agents doit être impérative afin de proposer un schéma de suivi post professionnel. Ce suivi est d’autant plus justifié que le cancer se caractérise par sa longue latence. C’est dans ce cadre que nous nous sommes assignés les objectifs suivants : repérer les situations de multi-exposition professionnelle et environnementale et identifier leur rôle potentialisateur dans la survenue des cancers.

Méthodes : Etude transversale descriptive menée du mois de décembre 2013 au mois d’avril 2014, concernant 243 patients actifs ou ayant travaillé, se soignant pour un cancer histologiquement confirmé dans les hôpitaux de la région de Sfax. L’exposition professionnelle pour chaque patient était définie en classant les substances auxquelles ils étaient exposés selon la classification du centre international de recherche sur le cancer. L’exposition environnementale était définie par les différentes nuisances sur la santé (tabagisme, alcoolisme, site polluant à proximité du domicile...).La multi-exposition était définie dans notre étude par l’exposition à un agent professionnel et un agent de l’environnement ou plus ou par l’exposition à deux agents professionnels ou plus.

Résultats : Le cancer se manifeste dans notre série par un pic de fréquence entre 50 et 60 ans avec un âge moyen de 55,78 ans. Parmi les 243 patients concernés, 72% étaient des hommes. Les cancers les plus fréquents étaient les cancers digestifs (22%), le cancer broncho-pulmonaire (21%) et le cancer du sein (21%). Les principaux secteurs d’activité étaient représentés par le secteur des bâtiments et travaux publics pour les hommes (26%) et le secteur de la confection pour les femmes (8%). Les deux tiers des sujets étaient tabagiques, 35% buvaient de l’alcool, 14% habitaient près d’un site polluant et 23,5% utilisaient des pesticides dans le cadre d’une activité extra-professionnelle. Sur les lieux du travail, les principales substances relevées étaient les solvants (16%), la silice cristalline (10%) et les poussières de bois (7%). Selon les critères définis, 36% n’étaient exposé à aucun agent de l’environnement ou professionnel potentiellement dangereux, par contre 64% répondaient à la définition de la multi-exposition que nous avons avancée. L’étude de corrélation entre les différents types de cancers et la présence de multi-exposition s’est révélée significative pour les cancers du poumon (OR=3,88 ; IC [1,97 ; 7,65]) et pour les cancers digestifs (OR=2,22 ; IC [1,02 ; 4,85]).

Conclusion : La connaissance du vécu professionnel de chaque salarié et les éventuels facteurs professionnels et environnementaux qui peuvent avec une forte probabilité interagir pour générer de telles pathologies longtemps silencieuses et graves est indispensable d’autant plus qu’on souligne des insuffisances d’identification de ces expositions d’après la nette sous déclaration qui constitue la principale alarme afin de mettre en œuvre les leviers d’action essentiels pour prévenir ces pathologies.

Évaluation des risques chez les soignants en unité de reconstitution des cytostatiques

N. Kammoun Hentati — 2019-01-10

Objectifs : Evaluer la charge mentale et le stress des professionnels des hôpitaux de jour et internés de cancérologie et des unités de reconstitution des cytotoxiques des deux hôpitaux de Sfax.
Méthodes : Nous avons mené une enquête transversale auprès des professionnels des unités de reconstitution des cytotoxiques des deux hôpitaux de Sfax. Vingt neufs soignants avaient bénéficié d’un questionnaire inspiré de celui publié par l’institut national de recherche et de sécurité. Pour chaque agent, l’indice de contact cytostatique était calculé selon le nombre de reconstitutions et d’administration pendant la même période. Les caractéristiques socioprofessionnelles, les Résultats de l’échelle du stress perçu et du Job Content Questionnaire étaient recueillis par questionnaire.

Résultats: Tous les professionnels (29 agents) des quatre unités de reconstitution des cytotoxiques avaient participé à l’étude. Douze hommes et 17 femmes, d’âge moyen 36,2 ans, avec une ancienneté moyenne de 10 ans, présentaient une symptomatologie à type de céphalées (62 %), de vertiges (58%), de goût métallique de l’haleine (38%). Sept infirmières avaient des antécédents d ́avortements. Une seule mort fœtale in utero était signalée. L’indice de contact aux cytostatiques calculé sur une semaine était supérieur à 3 pour cinq des neufs agents de carcinologie, deux sur neuf en hématologie. Le port des moyens de protection individuelle était mal adapté chez plus de la moitié des agents (70%). Seulement 13 personnels utilisaient une hotte à flux laminaire. La gestion du stress par le personnel manipulant les produits cytostatiques était défectueuse dans 12% des cas. La situation de « job strain » était trouvée dans 38% des cas et concernait plus les personnels travaillant au service d’hématologie. Le stress perçu était corrélé avec la situation isostrain, les céphalées, les vertiges et la sensation de gout métallique.

Conclusion: Dans nos hôpitaux, les conditions de manipulation des produits potentiellement dangereux par le personnel des unités de reconstitution des cytotoxiques constituent l’un des facteurs de risques psychosociaux si fréquents et variés dans les milieux de soins. Remédier aux insuffisances humaines, techniques et organisationnelles constatées est une action qui doit toucher tous les partenaires de nos structures moyennant une prise de conscience de la réalité des risques notamment par la hiérarchie, associée à des formations et des informations ciblées de tous les intervenants.

Troubles musculo-squelettiques des sages-femmes: prévalence et facteurs de risque

I. Sellami — 2019-01-10

Introduction : Si multiples chez les sages-femmes, les contraintes professionnelles jouent un rôle déterminant dans la survenue des troubles musculo-squelettiques. Bien que d’origine multifactorielle, l’efficacité des actions de prévention de ces affections est tributaire de la recherche des facteurs prédisposants. Cette démarche est le meilleur garant pour élaborer des stratégies de prévention adéquates susceptibles de réduire l’importance de ce problème dans nos milieux de soins. Nous avions mené cette étude afin de dépister les plaintes musculo-squelettiques chez les sages-femmes ainsi que leurs facteurs prédisposants.

Méthodes : Nous avions mené une étude transversale descriptive moyennant un questionnaire auto administré, rédigé en langue française distribué aux sages-femmes de la région de Sfax. Le questionnaire comportait une première partie relative aux données sociodémographiques et professionnelles et une deuxième partie relative à l’évaluation des troubles musculo-squelettiques chez les sages-femmes moyennant le questionnaire nordique.

Résultats : Notre population comportait 74 sages femmes avec un taux de réponse de 82%, toutes de sexe féminin, d’âge moyen 45,6± 10,3 ans et dont 81,1% étaient mariées. Les sages femmes interrogées travaillaient dans les structures sanitaires étatiques et privées avec une ancienneté professionnelle moyenne de 20,3±10,6 ans. L’acte d’accouchement était réalisé par 63,5% des sages-femmes. Durant l’année précédant l’étude, 87,8 % des sages-femmes interrogées déclaraient avoir ressenti des douleurs. Ces douleurs étaient localisées essentiellement au niveau du rachis et des membres supérieurs.

Pendant la semaine dernière, les plaintes avaient une même distribution avec une moindre prévalence (63,5%). L’échelle visuelle analogique de la douleur était la plus intense au niveau des mains, des doigts et des genoux le jour de l’administration du questionnaire. Une étude analytique bivariée concluait que la présence de symptômes au cours des 12 derniers mois était significativement associée à l’acte d’accouchement (p=0,022, OR=1,23).

Conclusion : La prévalence des troubles musculo-squelettiques chez les sages-femmes était élevée au cours des 12 derniers mois et des 7 derniers jours. Des mesures préventives devraient être réalisées afin de réduire le risque des troubles musculo-squelettiques chez cette catégorie professionnelle.

Évaluation de l’impact du tapis ergonomique sur la symptomatologie lombaire : suivi du personnel féminin du secteur de la confection.

A. Amri — 2019-01-10

Introduction : Les lombalgies constituent un problème de santé au travail. Les plaintes liées aux contraintes gestuelles et posturales sont persistantes et souvent difficiles à gérer. Le tapis ergonomique a été conçu dans le but de réduire la fatigue attribuable à de longues périodes en station debout sur une surface dure. Le but de notre travail était d’évaluer l’usage du tapis ergonomique sur la symptomatologie de la fatigue lombaire chez le personnel féminin du secteur de la confection.

Méthodes : Il s’agissait d’une étude évaluative transversale prospective ayant intéressé vingt opératrices du secteur de la confection du 1er au 30 Juin 2018. L’évaluation de la fatigue lombaire a été faite, pour un groupe apparié à lui-même, avant et après utilisation d’un tapis anti fatigue. Nous avons recueilli les données sociodémographiques, médicales et professionnelles de nos salariés. Par la suite, nous avons évalué leurs incapacités lombaires à l’aide de l’indice fonctionnel d’Oswestry (ODI), à l’introduction du tapis ergonomique et après trente jours d’utilisation.

Résultats : Notre population d’étude se composait de 20 salariés de sexe féminin. L’âge moyen était de 37,15± 7,9 ans. Les salariées étaient mariées (n= 14), présentant des antécédents médicaux (n=12), chirurgicaux (n= 7) et de lombalgie (n= 13). L’ancienneté moyenne professionnelle était de 10,1± 4,41 ans. Elles occupaient les postes de repassage (n=11), de contrôle (n= 6) et de pliage (n=3). Le score moyen ODI de l’ensemble des salariées suite à l’utilisation des tapis ergonomiques a été significativement amélioré (33,5% vs 19%, p<0.05). Le score moyen ODI chez les salariées connues lombalgiques est passé de 38,07% à 20,38% (p=0,01) tout en restant dans la tranche de l’incapacité modérée. Chez huit salariées lombalgiques, l’amélioration des scores était notable (ODI ≥ 20%).

Conclusion : Le tapis ergonomique montrerait ses preuves dans la réduction des plaintes de lombalgies chez une population exposée à de longues heures de travail en station debout sans possibilité de s’assoir ni de bouger convenablement. Il pourrait s’offrir parmi d’autres alternatives (chaussures orthopédiques) pour soulager les plaintes des travailleurs avec, en plus, sa caractéristique de durabilité dans le temps.

La médecine du travail au service de la promotion de la santé

Pr Ag Adel AMRI — 2022-12-04

Edito: La médecine du travail au service de la promotion de la santé