Devenir professionnel des salariés souffrant d’un trouble musculosquelettique du membre supérieur. A propos d’une enquête réalisée dans la région du centre Tunisien
Mots-clés :
Troubles musculosquelettiques du membre supérieur, facteurs de risque, perte d’emploiRésumé
Introduction : Les troubles musculo-squelettiques (TMS), notamment de membres supérieurs (MS), constituent un réel problème de santé au travail. Au cours de ces dernières années, ces lésions attribuables au travail ont connu une importante recrudescence. Ces affections posent de nombreux problèmes, concernant, le devenir professionnel des salariés et la mise en œuvre des mesures préventives.
Objectifs : Décrire le devenir professionnel des salariés souffrant d’un TMS-MS et rechercher les facteurs associés à la perte d’emploi.
Méthodes : Il s’agit d’une étude épidémiologique descriptive rétrospective ayant porté sur l’ensemble des cas de TMS-MS exerçant dans le secteur privé et déclarés à la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) dans la région du centre Tunisien durant la période s’étalant du 1er Janvier 2003 au 31 Décembre 2014. Les critères d’inclusion étaient la présence d’au moins un TMS-MS et la disponibilité du numéro de téléphone. Les données manquantes concernant le taux d’incapacité partielle permanente et le devenir professionnel ont été complétées par des entretiens téléphoniques.
Résultats : Au total 397 dossiers de TMS-MS ont été inclus dans notre étude. L’âge moyen de notre population était de 43,19 ±7,03 ans avec une prédominance féminine de 88,4%. Le secteur le plus pourvoyeur de TMS-MS était le secteur textile dans 67,8% suivi par l’industrie électronique dans 14,1%. L’ancienneté professionnelle moyenne était de 19,54 ± 8,63 ans. Le syndrome du canal carpien était le TMS-MS le plus fréquent rapporté dans 62,7% des cas. L’association de plusieurs TMS-MS était notée seulement chez 6,5% des cas. Des taux d’incapacité partielle permanente (IPP) ont été attribués pour 172 cas (43,3%). La moyenne d’IPP a été de 13,81±7,68%.
Quant au devenir professionnel, il a été précisé chez 196 malades (49,4%). La majorité d’entre eux (25,9%) avait conservé le même poste, alors que la perte d’emploi était observée chez 8,1% des cas. La perte d’emploi a été associée significativement à un taux d’IPP supérieur à 14% (p = 0,02). Après analyse statistique, les femmes mariées atteintes de syndrome du canal carpien avaient plus de risque de perte d’emploi mais sans association significative.
Conclusion : Au terme de cette étude, nous constatons que les TMS-MS sont dominés par le syndrome du canal carpien dans la région du centre tunisien. Ces troubles sont responsables d’impacts professionnels et sociaux importants notamment la perte d’emploi. Une prévention rigoureuse et adéquate est nécessaire afin de réduire ses lourdes conséquences.
