Etude des facteurs prédictifs de sévérité de la surdité professionnelle dans la région du centre Tunisien
Mots-clés :
Surdité professionnelle, épidémiologie, sévérité, prévalenceRésumé
Introduction :La surdité est une des maladies professionnelles les plus fréquentes. En Tunisie, environ 25% de la population active est exposée à des niveaux élevés de bruit dépassant 85 dB. Les conséquences socioprofessionnelles de la surdité professionnelle (SP) sont graves d’autant plus qu’elle touche des sujets actifs, souvent jeunes, et qu’elle est irréversible même après arrêt de l’exposition au bruit.
L’objectif de ce travail : Décrire le profil épidémiologique des cas de SP déclarée auprès de la CNAM du centre Tunisien et d’étudier les facteurs associés à sa sévérité.
Méthodes :Etude transversale descriptive portant sur tous les cas de SP déclarés depuis 2006 jusqu’à 2015, auprès des bureaux de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) des quatre gouvernorats du centre tunisien et étudiés par les comités de reconnaissance des maladies professionnelles compétents. Le recueil des données a été pratiqué à l’aide d’une fiche synoptique préétablie. Les sources des données étaient les pièces médicales (certificat médical initial, résultats de l’audiogramme) et administratives (feuille de déclaration de maladie professionnelle, attestations du travail, rapport de l’enquête technique) constituant les dossiers des malades. La SP a été classée sévère si la perte auditive sur la meilleure oreille est supérieure à 70 dB.
Résultats :Au total, 900 cas de SP ont été déclarés durant les dix années d’étude. La moyenne d’âge a été de 48,05 ± 7,3 ans avec une prédominance masculine (92,6%). Les secteurs de travail prédominants étaient l’industrie des produits minéraux (30,7%), suiviede l’industrie automobile (17,1%). La durée moyenne d’exposition avant la déclaration de la SP était de 20,28 ± 10,3 ans.La surdité de perception bilatérale a été objectivée chez 88,4 % des victimes. L’enquête technique a objectivé un niveau d’exposition moyenne supérieur ou égal à 85dB dans 84,4% des cas. Le caractère professionnel de la maladie a été reconnu pour 70,9% des victimes. La SP a été modérée dans près de la moitié des cas (47,8%), sévère dans 25,4% et profonde dans 10,8% des cas. Les principaux facteurs associés à la sévérité de la SP étaient : le genre (p=10-3), l’âge (p=0,05), les antécédents ORL (p=0,01) l’industrie des produits minéraux (p=0,01), CMI rédigée par le médecin du travail de la victime (p=0,01).
Conclusion :La prévention de la SP et sa meilleure évaluation sont nécessaires pour améliorer la prise en charge des victimes.
