Caractéristiques épidémiologiques des épicondylites externes professionnelles : Résultats d’une enquête réalisée dans la région du centre Tunisien

Abstract

Introduction : Les troubles musculo-squelettiques (TMS), notamment les épicondylites externes, constituent un réel problème de santé au travail. Au cours de ces dernières années, ces lésions attribuables au travail ont connu une importante recrudescence. Ces affections posent de nombreux problèmes, concernant, le devenir professionnel des salariés et la mise en œuvre des mesures préventives.

But : Déterminer la prévalence des épicondylites externes professionnelles dans la région du centre tunisien durant les 11 dernières années et analyser l’ensemble des facteurs professionnels et extraprofessionnels qui lui sont liés ainsi que les retombées médico- légales et socio-professionnelles secondaires à cette pathologie.
Matériel et Méthodes : Il s’agit d’une étude rétrospective descriptive, portant sur tous les cas d’épicondylites externes déclarées dans le secteur privé du centre tunisien s’étalant sur une période de 11 ans (2003-2013). Les données ont été recueillies auprès du centre régional de la CNAM à Sousse.

Résultats : Nous avons recensé 191 cas d’épicondylites externes professionnelles, ce qui a représenté 4,36 % de l’ensemble des maladies professionnelles déclarées durant la période d’étude et une incidence annuelle estimée à 0,85 cas par 10000 travailleurs du secteur privé. On a noté une augmentation progressive du nombre des cas d’épicondylites externes professionnelles déclarées au fil des années atteignant un pic au cours de l’année 2013 (54 cas soit 28,27%). Notre population était essentiellement féminine avec un sexe ratio de 0,22. L’âge moyen des patients était de 42,82 ± 7,6 ans. Le secteur textile était prépondérant (69,1 %). Des taux d’incapacité partielle permanente (IPP) ont été attribués à 120 cas (62,8%). La moyenne d’IPP a été de 11,67±4,6%. La perte d’emploi a été observée chez 37 salariés (35,6 %) et a été associée à une ancienneté professionnelle inférieure à 15 ans (p <10-3), à l’exposition au travail forcé (p<10-3) et aux mouvements de flexion-extension du coude et de prono-supination (p<10-3). A l’issue de l’analyse statistique multivariée, les variables qui avaient une relation positive avec la perte d’emploi étaient l’ancienneté professionnelle inférieure 15 ans, le travail forcé, les mouvements de flexion-extension du coude et l’utilisation d’outils vibrants.

Conclusion : Au terme de cette étude, nous constatons que les épicondylites externes professionnelles sont fréquentes dans la région du centre tunisien et leur incidence ne cesse de croitre. Cette pathologie dont la prévalence reste sous-estimée, est responsable d’impacts professionnels et sociaux importants notamment la perte d’emploi. Une prévention rigoureuse et adéquate est nécessaire afin de réduire ses lourdes conséquences.