Les effets de l’horaire de travail sur le sommeil, la vigilance et la santé mentale chez le personnel de soins
Mots-clés :
Travail posté, Rythmes circadiens, Privation de sommeil, Performance, Accidents du travailRésumé
Introduction : Le travail posté et le travail de nuit sont des facteurs de risque reconnus pour la santé et le bien-être, parce qu’ils interfèrent avec quatre sphères de la vie humaine: Les fonctions biologiques de base, la performance et capacité de travail, les relations sociales et la santé. L’objectif de notre étude était de détecter les effets du travail posté sur le sommeil, la vigilance et la santé mentale des personnels de deux centres hospitaliers (Hédi Chaker et Habib Bourguiba) de Sfax.
Méthodes: Il s’agissait d’une étude transversale à visée descriptive menée auprès de 159 personnels (médecins, infirmiers, techniciens supérieurs, ouvriers) exerçants aux deux centres hospitaliers de Sfax. Le recueil des données s’est basé sur des questionnaires standardisés (questionnaire de sommeil de Spiegel, échelle de somnolence d’Epworth, General Health Questionnaire à 12 items : GHQ-12) et complété par les renseignements relatifs aux personnels.
Résultats: L’âge moyen dans notre population était de 34,6 ± 10,21 ans. Une prédominance féminine était notée, avec un sexe ratio de 0,80.Prés de la moitié de notre population (40,90%) était des médecins. Les infirmiers et les techniciens supérieurs représentaient respectivement 36,5% et 22,6%.La majorité des personnels avait un travail en horaires alternants (50,3%) avec une moyenne de 2 ± 1 gardes par semaine. Le travail fixe le jour ou la nuit représentait respectivement 16,4 % et 33,3%. Le score global de l’indice de qualité du sommeil était satisfaisant chez la majorité des personnels (69,2%).Cependant, près d’un tiers (30,8%) des personnels avait un trouble du sommeil dont 15,7% avaient un score d’alerte sévère. Un quart (29,5%) des personnels avait un risque de somnolence selon l’échelle de somnolence d’Epworth avec un risque de somnolence excessive chez 7,5% des personnels. Neuf personnels sur dix dans notre population (81,1%) avaient un facteur de détresse psychologique et de dysfonctionnement social. L’analyse statistique des Résultats prouvait que l’altération de la qualité du sommeil en cas de travail posté était plus fréquente chez la femme (p = 0,002) avec OR de 4 et IC à 95% [1,24 à 2,8]. Aussi, le travail en horaires alternants en cas d’une mauvaise qualité du sommeil était associé à une mauvaise santé mentale (p =0,003) avec OR de 1,56 et IC à 95% [1,3 à 1,8] d’une part et d’un risque accru d’accident du travail d’autre part (p =0,01) avec OR de 2,84 et IC à 95% [1,28 à 6,23].
Conclusion: Cette étude illustre l’impact du travail posté sur le sommeil et la vigilance, l’équilibre psychologique et émotionnel (détresse psychologique / dysfonctionnement social) et les capacités de travail (chute de la vigilance / risque d’accident du travail) des personnels en milieu de soins. L’équilibre des soignants est important pour la qualité des soins. Des mesures de prévention des risques du travail posté et de nuit sont nécessaires pour favoriser la santé et la sécurité au travail à travers une surveillance médicale spéciale et une sensibilisation des personnels.
