Évaluation de l’exposition du personnel soignant aux aldéhydes : A propos de 240 exposés

Abstract

Problématique : Devant la constatation de plaintes d’ordre allergique et irritatif non négligeables lors des visites médicales périodiques de surveillance du personnel soignant de l’hôpital Charles Nicolle exposés aux aldéhydes, nous avons jugé intéressant de mener une enquête transversale pour évaluer cette exposition.

Objectifs :

-Identifier le nombre de personnes exposées aux aldéhydes. -Evaluer le degré d’exposition récente et cumulée aux aldéhydes.

Méthodes : Pour répondre à ces objectifs, nous avons réalisé :

-Un recensement du personnel exposé aux aldéhydes par une étude des différents postes de travail

-Une enquête basée sur un questionnaire préétabli dirigé à tout le personnel exposé aux aldéhydes, travaillant à l’hôpital Charles Nicolle de Tunis.

-Une évaluation environnementale basée sur des dosages atmosphériques réalisés sur les lieux du travail pour déterminer l’exposition récente

-Une matrice exposition-emploi pour évaluer l’exposition cumulée

Résultats : L’analyse des résultats des différents dosages atmosphériques réalisés dans quatre services jugés à risque a trouvé des valeurs en dessous des normes internationales (de 41,5 à 211 ug/m3)

Le nombre de personnel exposé aux aldéhydes à l’hôpital Charles Nicolle était de 324, ce qui correspond à un pourcentage de 15,5 %. Seulement 240 ont participé à l’étude soit un taux de réponse de 74%. Les résultats ont montré une forte représentation féminine (75%), un âge moyen de 37,1% et une durée moyenne d’exposition de 11 ans. Le personnel des services de chirurgie et notamment des blocs opératoires étaient les plus exposés aux aldéhydes (57,9%).Les catégories professionnelles les plus exposées étaient les infirmiers et les techniciens supérieurs soit respectivement 47,5% et 30,4%.

L’exposition indirecte aux aldéhydes était la plus importante avec (57,1%) des cas. L’exposition quotidienne est retrouvée dans 62,4% des cas. Trois niveaux d’exposition ont été définis selon le mode d’exposition, la fréquence d’exposition et l’ancienneté au poste. La majorité (91,7%) des exposés avait un niveau élevé ou modéré d’exposition.

On a constaté une insuffisance majeure dans la prévention technique collective (aération, ventilation, aspiration, hottes).

L’enquête aux près du personnel a révélé une protection individuelle insuffisante ainsi que l’absence d’information et de formation. 53,4% des exposées ont présenté des plaintes fonctionnelles lors des douze derniers mois. Les manifestations cliniques étaient essentiellement de type cutané (20%), oculaire (19,2%), ORL (12,6%) et pulmonaire (6,7%). La majorité des personnes ayant présenté des plaintes fonctionnelles avait un niveau de risque qualifié d’élevé ou de modéré.

Il n’a pas était démontré de corrélation entre la répartition du personnel présentant une plainte fonctionnelle et les valeurs des dosages atmosphériques enregistrées dans les services ou ils exerçaient.

Conclusion

Les résultats de cette étude ont montré que le nombre de personnes exposées aux aldéhydes en milieu de soins est important et que les plaintes fonctionnelles dominées par la symptomatologie irritative et allergique sont fréquentes.

Ces constatations, ajoutées à l’effet cancérigène des aldéhydes nous amènent à substituer en urgence ces derniers par d’autres produits efficaces et moins nocifs.